Être fille-mère en Côte d’Ivoire
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By Stella Attiogbe
06/04/2021
Ce sont plusieurs jeunes filles qui contractent des grossesses chaque année en Côte d'Ivoire.
Si certaines grossesses sont voulues et planifiées par les jeunes mères, la plupart d’entre elles sont des « accidents ». Le cas récurrent des grossesses non désirées nous pousse à nous interroger. Que faire lorsqu’on se retrouve dans ce cas ? Comment continuer ses études ? Quel avenir pour la jeune fille ?
Pour avoir des réponses, nous sommes allés à la rencontre de deux jeunes mères aux expériences différentes. Amie et Lise nous racontent leur vécu de fille-mère en Côte d’Ivoire.
Comment as-tu découvert que tu étais enceinte ? C’était planifié ?
Lise : J’ai totalement planifié ma grossesse. Je suis tombée enceinte en année de Master. Dès que j’ai découvert que j’avais un retard de mes menstrues, j’ai tout de suite su que j’étais enceinte.
Amie : J’étais atteinte de paludisme et d’anémie. J’étais très malade. Et après plusieurs visites à l’hôpital sans grande amélioration, j’y suis allée une dernière fois et ils m’ont demandé de faire un test de grossesse. C’est là que j’ai découvert que j’étais enceinte. Je n’avais pas pensé être enceinte parce que j’avais mes menstrues en ce moment.
Comment l’as-tu annoncé à tes parents ? Quelle a été leur réaction ?
Lise : Je l’ai annoncé simplement. Mon père m’a juste demandé si j’étais sûre que je pourrais gérer les cours et la grossesse. Je lui ai dit que je le pouvais et il m’a fait confiance. Mes deux parents l’ont bien pris.
Amie : Cela a été facile à annoncer à ma mère à cause de la maladie. A mon retour de l’hôpital, je lui ai dit que j’étais enceinte. Elle m’a demandé ce que je comptais faire et je lui ai dit que je voulais garder cet enfant. Elle l’a plutôt bien pris, et elle m’a dit que le choix me revenait.
As-tu eu le soutien familial ? Quelle est son importance dans pareille situation ?
Lise : Oui, totalement, leur soutien m’a beaucoup aidé. Lorsque la jeune fille est rejetée ou vilipendée par son entourage, ça va tout de suite se ressentir sur elle. Cela n’a pas été mon cas, mais j’ai quand même eu droit à des regards accusateurs lorsque je me rendais au marché à cause de ma petite taille. Ne pas avoir le soutien de ses parents joue énormément sur la jeune fille, tant au niveau moral que physique.
Amie : Le soutien de ma famille a été tellement important pour moi. Plus rien ne peut te démoraliser quand tu es soutenue par ta famille. Leur soutien a été fort, et sans lui je n’aurais pas pu poursuivre mes études même si j’en avais la volonté.
Quel message peux-tu faire passer aux parents dont les filles tombent enceintes de façon inattendue ?
Lise : Il est vrai qu’il est difficile en tant que parents de voir sa jeune fille tomber enceinte, mais il faudrait que ceux-ci puissent être le premier soutien de la fille à tous les niveaux. C’est déjà fait, et il faudrait plutôt penser à aider la jeune fille à s’assumer elle et cette grossesse.
Ton conseil aux jeunes filles qui découvrent qu’elles sont enceintes ?
Amie : Premièrement, elles devraient garder leur calme. Dites vous qu’être enceinte si jeune n’est pas une fatalité. Cela ne veut en aucun cas dire que votre vie est fichue. Ne pensez pas aux moqueries ou critiques des autres. Soyez encore plus sereines, et ayez confiance en vous. Aussi, tout part de l’acceptation de cette nouvelle réalité, cela facilite beaucoup les choses une fois que c’est fait.
Comment ne pas lâcher ses rêves ou poursuivre ses études lorsqu’on est une fille mère ?
Lise : J’ai envie de dire aux jeunes filles qu’avoir un enfant doit justement te motiver à faire plus, à être plus. Nous devons pouvoir donner une bonne éducation à l’enfant. Je leur conseille donc de recommencer ou poursuivre, là où elles ont arrêté les cours ou les formations et se donner encore plus. Aussi avec internet, on peut continuer d’apprendre si on n’a pas les moyens de continuer les cours. Il faut pouvoir s’organiser afin de tirer profit de ces formations en ligne.
Amie : Je pense qu’il faut connaître sa priorité en tant que jeune fille, en tant qu’étudiante ou en tant qu’élève. L’objectif premier doit être de valider ses cours, d’obtenir ses diplômes. J’étais en deuxième année de licence quand je suis tombée enceinte et je me suis mise en tête de terminer mes études. L’enfant vient juste après. Et en pensant à lui, c’est ce qui va nous pousser à nous surpasser. Comment faire en sorte que ce dernier soit à l’aise ou qu’il grandisse dans de meilleures conditions ? Se poser ces questions donne aussi la motivation nécessaire. Qu’il y ait enfant ou pas, nous devons nous construire un avenir. Un enfant ne représente en aucun cas un frein dans la vie d’une jeune fille.
Conclusion
Être fille-mère n’est pas facile, mais avec beaucoup de volonté et le soutien de leurs proches, de la société, les jeunes mamans peuvent continuer de poursuivre leurs rêves tout en s’occupant de leurs enfants.
La sensibilisation face aux grossesses précoces et l’éducation sexuelle n’ont jamais été autant d’actualité.
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