La semaine dernière nous parlions des racines d'une masculinité toxique, aujourd'hui nous abordons ce sujet un peu plus en profondeur.

La masculinité s’apprend dès le plus jeune âge. On demande aux garçons d’être courageux, de ne jamais pleurer, de ne pas porter du rose et d’être forts et dominants. Mais que se passe-t-il lorsque vous ne rentrez pas dans ce moule ? Êtes-vous toujours considéré comme un « vrai » homme ?

Prenons à titre d’exemple le cas de « Bertrand », un nom d’emprunt. Il compte plusieurs crimes à son actif. Il a violé une femme et maintenant, de retour de prison, il semble avoir repris ses vieilles habitudes. Mais que savons-nous d’autre sur lui ? Intéressons-nous de plus près à sa famille, en particulier à son père, le mâle alpha dominant.

 

La vie de Bertrand est loin d’être gaie avec un père colérique et souvent violent qui témoigne très peu d’affection à sa famille. Il semble avoir hérité de ces traits de caractère, car il a un comportement violent, se sent investi d’un pouvoir et traite les femmes avec dédain. Ce comportement met en exergue un cycle commun de masculinité toxique, dans lequel les jeunes garçons et les hommes copient les traits négatifs des hommes puissants qui font partie de leur vie.

Ce cycle peut paraître indestructible, mais les hommes comme Bertrand peuvent-ils changer ? L’analyse du concept de masculinité toxique ne vise pas à vilipender des gens ; bien au contraire, c’est l’occasion de discuter de la manière dont les hommes peuvent être éduqués à devenir des modèles positifs de masculinité.

Quel genre de conversations tenez-vous avec votre père, votre frère ou vos amis ? Êtes-vous capable de dévoiler vos sentiments ou de rappeler à l’ordre vos pairs qui affichent un comportement misogyne ?

De nombreux hommes refusent d’exprimer ce qu’ils ressentent, car ils estiment que c’est faire preuve de faiblesse. Prenons le cas de Bertrand et son père : le père évite toute conversation sentimentale à table et préfère donner une poignée de main à son fils plutôt qu’un câlin. Cette attitude occasionne un refoulement des émotions, ce qui provoque des crises de nerfs en cas de déferlement d’un flot d’émotions.

Michael Ian Black résume cette attitude dans sa tribune intitulée « The Boys Are Not Alright » (Les garçons ne vont pas bien) :

« Le langage utilisé pour décrire la gamme complète des émotions humaines est toujours considéré comme sensible et féminin. »

Cet état de choses peut évoluer, car l’homme comme la femme peut être à la fois fort et sensible. Plus les hommes seront enclins à épancher librement leurs sentiments, pensées et comportements, davantage cela rentrera dans la norme et nous pourrons nous attaquer aux modèles de comportement destructeur ancrés dans nos sociétés. Si vous avez l’impression de reproduire les stéréotypes déplaisants véhiculés par votre entourage, essayez de vous confier à une personne. S’il n’est pas possible de vous adresser à des hommes de votre entourage, cherchez une personne de confiance, par exemple, un enseignant ou un mentor. Il existe également des services d’assistance et des groupes communautaires qui peuvent vous aider à régler les problèmes liés à la masculinité toxique.

Mais ce qui importe le plus, c’est votre détermination à changer. Tous les sexes, genres, classes sociales, écoles, foyers ou lieux de travail font face au problème de masculinité toxique. La masculinité toxique peut vous conférer du pouvoir, mais au détriment de votre bonheur, de votre bien-être mental, de vos amis et de vos bien-aimés. Si nous souhaitons changer le rapport de masculinité, nous devons encourager l’acceptation de formes variées de masculinité par le biais d’un dialogue franc et des actions positives. Nous choisissons tous de nous présenter au monde de plusieurs façons et il est important que nous nous efforcions de devenir plus emphatiques et bienveillants. Bien qu’il soit difficile de changer les perceptions liées à la virilité masculine qui sont ancrées dans notre société, il est primordial d’y parvenir.

Le fait d’assumer les conséquences de ses actes est également important, de même que la répression de certains actes peut favoriser l’apprentissage et le changement. Les hommes comme Bertrand et son père doivent commencer à assumer la responsabilité de leur comportement abusif et à exposer les raisons qui les poussent à s’arroger le droit de traiter autrui avec mépris. De cette manière, nous pourrons tous œuvrer au rééquilibrage du rapport de masculinité afin que les hommes puissent être en mesure d’accompagner et d’éduquer les personnes qui les entourent, plutôt que de les dénigrer.